La conjugaison exprime les catégories grammaticales suivantes :
• Temps : Le présent et le prétérit sont formés par des désinences particulières : les autres temps à l’aide de verbes auxiliaires.
• Mode : Le burgonde a les modes suivants : impératif, indicatif et subjonctif, connaissant les variations de personnes ; indicatif et participes présent et passé sans variation personnelles. Dans la phrase, ces derniers peuvent avoir les propriétés d’un substantif (Infinitif), d’un adjectif décliné (Participes) ou d’un verbe dans les temps composés.
• Voix : Le verbe a deux voix : active et passive.
• Nombre : La conjugaison distingue entre le singulier et le pluriel.
• Personne : Le verbe burgonde marque la 1ère, la 2e et la 3e personne à l’aide de désinences et de pronoms.

Les trois classes de verbes
Les verbes onsquiens peuvent se grouper en deux classes principales, celles des verbes forts et des verbes faibles, auxquelles il convient d’ajouter une troisième classe comprenant les verbes prétérito-présents.
Les verbes faibles sont plus nombreux que les forts. Ils sont caractérisés par un suffixe à dental et des désinences s’ajoutant au radical pour le prétérit et le participe passé.
Les verbes forts se distinguent par une modification du timbre de la voyelle radicale (apophonie ou alternance vocalique) ainsi que par l’absence de suffixe particulier au prétérit.

Les verbes faibles
On appelle faibles les verbes qui forment leur prétérit avec des désinences ti ou di, le participe passé se terminant par -id, -d ou -t 1. Ces verbes sont dérivés à l’origine d’autres verbes forts ou d’un substantif. Ils n’ont que trois temps primitifs. La classification des verbes tient compte des voyelles thématiques et de la quantité syllabique du radical en germanique commun.
La classification suivante n’offre qu’un cadre à l’intérieur duquel on doit compter plusieurs exceptions.
1. Classe 1a
nes-j-a, nes-di, nes-d ; prés. ik nes «sauver»
Les verbes appartenant à cette classe ont un -j- à l’infinitif. Lorsque la voyelle radicale est un -a- ou un -u-, une inflexion s’est imposée et a abouti aux sons -e- ou -y-. Ces verbes à radical bref sont issus de la classe 1 des verbes germaniques (got. nasjan, v.burg. nesian).
INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
elja engraisser eldi elid
hetja haïr heddi hetid
hylja cacher hyldi hyld
hvetja aiguiser hveddi hvetid
kykja embrasser kykdi kykid
legja mettre, poser legdi legd


2. Classe 1b
heys-a, heys-di, heys-d ; prés. ik heysi «entendre»
Ces verbes n’ont plus de -j- à l’infinitif. Par contre, ce -j- était présent en vieux-burgonde et a été assimilé au radical en infléchissant les voyelles. Ces verbes sont issus des verbes à radical long (voyelles longues ou diphtongue) de la classe 1 des verbes germaniques (got. hausjan, v.burg. heisian).

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
arfæda travailler arfæddi arfædid
deipa baptiser deipdi deipd
dóma juger dómdi dómd
fóda nourrir fóddi fódid
hrópa appeler hrópdi hrópd
lísa enseigner lísti lísd
leyfa croire leyfdi leyfd
leisa délivrer leisdi leisd
læsta suivre læsdi læsd

3. Classe 1c
send-j-a, send-di, send-id ; prés. ik sendi «envoyer»
Ces verbes conservent le-j- à l’infinitif. Ces verbes possèdent un radical long formé d’une voyelle brève suivi de deux consonnes. Ils sont issus de la classe 1 des verbes germaniques (got. sandjan, v.burg. sentian).

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
fyllja remplir fylldi fylld
hornja sonner horndi hornd
nendja oser, s'enhardir nendi nendid

4. Classe 2a
hvarf-a, hvarf-di, hvarf-d ; ik hvarf «cheminer, se promener»
Ces verbes issus de la classe 2 des verbes germaniques (type -ō-) sont à radical long. À la 1ère personne de l’indicatif présent pluriel (ví hvarf-u) ils ne possèdent pas de -j- (got.
ƕarbōn, v.burg. hwarfon)

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
fiska pêcher fiskdi fiskid
fulga suivre fulgdi fulgid
lisna apprendre lisnuti lisnid
danka remercier dankdi dankd
upna ouvrir upnuti upnid

5. Classe 2b
til-ja, til-di, til-d ; ik tilu «atteindre (un but)»
Egalement issus de la classe 2, mais à radical bref, ces verbes associent des désinences des verbes de la classe 1a et 2a. À la 1ère personne de l’indicatif présent pluriel (ví til-j-u) s’insert un -j- (got. tilōn, v.burg. tilion). Le -j- de la désinence a pu infléchir la voyelle radicale d’origine (bu. ledja, got. laþōn «inviter»).

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
dvælja hésiter, retarder dvældi dvæld
freija aimer freidi freid
fridja libérer friddi fridid
skædja nuire à, compromettre skætti skætid
vædja engager, miser vætti vætid

6. Classe 3a et 3b
lif-a, lif-di, lif-d ; ik lif »vivre”
sag-ja, sag-di, sag-d ; ik sag "dire"
Ces verbes issus de la classe 3 des verbes germaniques (type libēn ou habēn, sagēn) prennent une forme en -ja ou en -a à l’infinitif. Ce -j- se retrouve alors à la 1ère personne de l'indicatif présent pluriel (ví sag-j-u). Par contre, du fait de l’apparition relativement tardive de ce -j- (14ème siècle, m.burg. sagaan), il n’a pu créer une inflexion sur le radical originel.
En général, la 1ère pers.Sg. de l’Ind. Présent se forme sur le radical sans la désinence pour les verbes en -a- ou avec la désinence -i pour les verbes en -ja : ik langi «je m’allonge».

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
hafa avoir hefdi (irr.) hefd
daga se taire dagdi dagd
langja s'allonger langdi langd
leika plaire leikti (irr.) leikd
kalda tiédir, se refroidir kelddi (irr.) kaldid
hrósja remuer, agiter hrósti hrósd
gelja séduire geldi geld
fórja conduire, mener fórdi fórd
duska s'assombrir (trans.) dukdi duskid
dúfja devenir sourd dúfdi dúfd
begja combattre begdi begd
aldja vieillir alddi aldid

7. Classe 4
farn-a, -, farn-id ; ik farna "être parti, voyager"
Ces verbes, bien que d'apparence classique, sont particuliers à la langue onsquienne. Ce sont des verbes passifs, résultnat d'une action, d'un fait. Ils sont assimilés aux verbes dérivés en -no du germanique que l'on retrouve également en gotique. Leur principale caractéristique est de ne pas posséder de prétérit. La conjugaison du présent est aussi particulière : ik farna, du farns, ..., ví farnu, ..., ey farnuni.

INFINITIF PRÉTÉRIT PARTICIPE PASSÉ
fullna se remplir - fullnid
namna être appelé, se nommer - namnid
brukna être brisé, se détruire - bruknid
kiuna se rétablir, revivre - kiunid
hógna grandir - hógnid

8. Verbes faibles irréguliers
Un certain nombre de verbes faibles des langues germaniques ont des racines aux prétérit et au participe passé différents des racines du présent et de l’infinitif. Il s’agit par exemple des verbes bringan «apporter» (got. ik brāhta), þankjan «penser» (got. ik þāhta) …
L' onsquien les a assimilé à la classe 3 ; ils présentent donc un aspect différent au présent et au prétérit : ik bring «j’apporte», ik brákdi «j’apportais».

9. Conjugaison des verbes faibles

nesja "sauver", classe 1a lísa "enseigner", classe 1b
PRÉSENT PRÉTÉRIT PRÉSENT PRÉTÉRIT
ik nesi ik nesdi ik lísi ik lísdi
du nesis du nesdis du lísis du lísdis
iz nesis iz nesdiz iz lísis iz lísdis
ví nesu ví nesdu ví lísu ví lísdu
jú nesd jú nesdid jú lísd jú lísdid
ey nesdni ey nesduni ey lísni ey líduni

 

sendja "envoyer", classe 1c hvarfa "cheminer", classe 2a
PRÉSENT PRÉTÉRIT PRÉSENT PRÉTÉRIT
ik sendi ik sendudi ik hvarfi ik hvarfdi
du sends du sendudis du hvarfis du hvarfdis
iz sends iz sendudis iz hvarfis iz hvarfdis
ví sendu ví sendudu ví hvarfu ví hvarfdu
jú sendd jú sendudid jú hvarfd jú hvarfdid
ey sendni ey senduni ey hvarfni ey hvarfduni

 

tilja "atteindre (un but)", classe 2b lifa "vivre", classe 3a
PRÉSENT PRÉTÉRIT PRÉSENT PRÉTÉRIT
ik tilju ik tildi ik lif ik lifdi
du tils du tildis du lifs du lifdis
iz tils iz tildis iz lifs iz lifdis
ví tilu ví tildu ví lifu ví lifdu
jú tild jú tildid jú lifd jú lifdid
ey tilni ey tilduni ey lifni ey lifduni

 

bringa "apporter", classe 3 irrégulier sagja "dire", classe 3b
PRÉSENT PRÉTÉRIT PRÉSENT PRÉTÉRIT
ik bringa ik brákdi ik sag ik sagdi
du brings du brákdis du sags du sagdis
iz brings iz brákdis iz sags iz sagdis
ví bringu ví brákdu ví sagu ví sagdu
jú bringd jú brákdid jú sagd jú sagdid
ey bringni ey brákduni ey sagni ey sagduni