La formation des mots
Comme dans toute les langues germaniques, le vocabulaire de l'onsquien s’est enrichi et continue à s’enrichir par différents procédés utilisés dès l’indo-européen. On distingue deux procédés de formation de mots :
• la dérivation qui consiste à tirer un mot d’une racine ou d’un mot déjà existant à l’aide de suffixes,
• la composition qui consiste à réunir deux éléments, ayant chacun son sens propre, pour former un nouveau mot. Le premier terme peut être une particule ou un thème (nominal ou verbal). C’est ce deuxième modes de formation qui est le plus productif aujourd’hui.

1 Dérivation
Il serait fastidieux de dresser un inventaire complet des suffixes verbaux et nominaux qui permettent et qui ont surtout permis de créer de nouveaux mots dans la langue burgonde ; nous en rappelerons cependant certains qui sont d’un usage encore fréquents. Mais, avant cela, nous devons porter l’attention sur un phénomène qui a joué un rôle important dans toute dérivation et toute flexion : l’apophonie et la métaphonie.
L’apophonie ou alternance vocalique, qui remonte à la langue indo-européenne, se manifeste le plus clairement dans les formes de la conjugaison du verbe fort : elle peut apparaître dans n’importe quelle classe de mot.
Ainsi le verbe bira «porter, mettre au monde», appartenant à la classe IV des verbes forts :
bira (1) - bar (2) - berni (3) - bura (4).
Voici d’autres mots appartenants à la même racine :
barn «enfant», burd «naissance, action de porter», bord «planche», byrdja «porter une charge», byrdi «fardeau».
Les deux derniers mots byrdi et byrdja sont infléchis : c’est ce qu’on appelle métaphonie par i ou l’inflexion par i. Il s’agit du changement par anticipation du timbre d’une voyelle, le plus souvent accentuée, provoqué par la présence dans la syllabe suivante d’un phonème qui attire, en quelque sorte, la voyelle qui précède. Au cours de l’évolution de la langue, ce phonème peut avoir disparu ou s’être maintenu (c’est le cas de byrdi < burdi).
Ce phénomène que nous avons évoqué déjà (§ 4.1.2), est partiel en onsquien et ne semble avoir été réalisé que pendant la période du vieux-burgonde (VI - Xème siècles) au moment où les contacts ont été les plus importants avec les langues germaniques westiques voisines : l’alémanique et le lombard.
Seul l’inflexion par le i est connue en onsquien et elle n’affecte, dans les dérivations, que le a (>e), le u (>y), imparfaitement le e fermé (>i) et exceptionnellement le o fermé (>e fermé).

1.1. exemples de dérivations
a) Substantifs
• -i : a formé certains abstraits féminins forts, dérivés de verbes : sýki, «maladie» sur l’adjectif siuk «malade»,
• -d, -d, -t après f, s : abstraits féminins dérivés de verbes forts : burd, «naissance» (cf. ci dessus), kumd «réunion»,
• -i : concrets neutres dérivés de noms : givordi «discours» (sur vord, «mot»), girýni «assemblée» (sur rúna «secret»),
• …

b) Adjectifs
• -ig, dérivés de substantifs : stainig «pierreux» (sur stain, «pierre»), listig «rusé» (sur list), mátig «puissant»,
• - ín, dérivés de noms de matière en particulier : silfrín «d’argent» (sur silfir), erdín «terrestre» (sur erda), ævín «éternel» (sur æ),
• -isk, adjectif qualificatif dérivés de substantifs : manisk «humain» (de man), gudisk «divin» (sur gud), dýtisk «populaire» (de diuda «peuple»), frankisk «français», …

c) Adverbes
dérivés en -fa ou en -lig (voir § 4.4).

d) Verbes
La plupart des verbes faibles sont des verbes dérivés, contrairement aux verbes forts tirés d’une racine sans l’intermédiaire de suffixe.
Depuis la fin du Moyen-burgonde, la plupart des verbes créés sont des verbes tirés de substantifs ou d’adjectifs et, pour l’essentiel donc, des verbes faibles.
La composition des verbes faibles fait appel au suffixe verbal -a ou -ja. Les verbes contemporains, pour la plupart, appartiennent à la classe 3 : fona «téléphoner», skia «skier» …

2 Composition
La composition associe deux éléments qui ont leur sens propre, formant ainsi un mot nouveau. Le sens du mot composé est souvent différent de la somme des sens des composants.
Dans les langues germaniques, le déterminant précède toujours le déterminé. Ce dernier, seul, est pourvu d’une désinence.
Pour former des composés, le germanique utilisait deux procédés : la composition proprement dite et l’emploi de préfixes.

2.1 La composition proprement dite
En onsquien, le premier élément prend généralement la forme du radical dépourvu de flexion, mais la valeur «phonétique» est très importante puisqu’elle peut modifier cet élément : ainsi le mot fingurring «anneau, bague» est composé de fingir «doigt» dont la voyelle finale est modifiée et hring «anneau» dont le «h» initial a été absorbé. Dans le mot vervulf «loup-garou», le premier élément ver «homme» n’est pas décliné.

2.2 La composition par préfixes
Ce type comprend des noms et des verbes. Le premier élément est un préfixe qui peut avoir une existence propre en onsquien (adverbe, préposition …).
La particule peut modifier ou renforcer le sens du mot : anslépa «s’endormir» et slépa «dormir».
Contrairement à l’allemand moderne, ce préfixe est toujours indissociable du verbe auquel il est associé :
ey gistra usforni af dorpa «ils ont quitté le village hier».
Les préfixes sont relativement nombreux en onsquien . Les plus importants et les plus utilisés sont présentés dans la liste suivante :
af (éloignement, privation) afnima «effacer»
afar ou afir «après» afarlæsta «suivre, poursuivre»
all «tout» allmátig «tout puissant»
an «sur, de nouveau» anslépa «s’endormir»
and «hostile, contre» andvordja «répondre» , andverd «le présent»
at «vers, près de» atgang «entrée», atbera «apporter»
dis (séparation, éloignement) disdælja «partager»
eina «privé, mono-» einalifni «vie célibataire»
for «devant, intensif» forsita «présider», forbýda «interdire»
fram «en avant, original, premier» framaldir «très âgé», framgát «progrès»
half «demi, semi-, mi-» halflós «demi vide»
in «dans, en, in-» insandja «envoyer»
tís (séparation) tísbrika «interrompre»
un, ú (sens négatif) úbruk «inutilisable», unvita «fou»
us, ur «hors de» urruni «Est, levant», usgang «sortie»
Seuls sont donnés ici les sens courants, car souvent il manque des équivalents étrangers.

3 Les noms de personne
La tradition a créé un système particulier d’identification des individus de souche burgonde. Ce système, probablement ancien, n’a jamais été officialisé et repose simplement sur la tradition. L’identité de la personne en onsquien se traduit ainsi par différents niveaux d’information :
• le nom proprement dit, nama, ce qu’en français on appelle le «prénom» ou en allemand «Vorname». C’est le seul qui soit déclinable (cf. §4.1.42),
• le nom «de famille, d’ancêtre», kynnama, qui permet d’identifier l’individu au sein du groupe à travers une généalogie, une caractéristique. Ce nom n’était pas à l’origine automatiquement transmis et pouvait varier pour les individus de la même fratrie dans la mesure où les parcours, les attachement personnels étaient différents : l’un pouvait recevoir le kynnama du père, l’autre de la mère ou d’un oncle. Sa composition, en général, fait appel aux mêmes règles : un identificateur (surnom, nom de lieu, prénom …) suivi du suffixe -is : Vildis, Haidlis, Janis …
• le nom «de filiation», fadrinnama, utilisé d’abord pour les hommes constitué du prénom du père ou de la mère suivi d’un «-(i)s», marque du génitif. Ce fadrinnama est généralement placé avant le nama.
Actuellement, l’identité d’un individu peut revêtir donc la forme suivante : Jakobs Paula Vútris, soit «Paula, fille de Jacques des Vútris».

4 Les noms des jours
Les noms des jours exprimés en onsquien reprennent pour l’essentiel les traditions des autres langues germaniques. Comme en français, la semaine commence le lundi mendag, mardi est tísdag, mercredi vónsdag , jeudi dúrsdag, vendredi frídag, samedi samsdag et dimanche est sundag.

5 Les noms des mois et les saisons
L'onsquien reprend et utilise les noms des mois (mænd) issus du calendrier romain. Ainsi les mois s'écrivent : jænir, febrir, mært, april, mai, juni, juli, aust, septembir, oktubir, novembir et disembir. La date s'exprime de la façon suivante : (om) mendag 12da jænir 2009.
Les saisons (jértídiz) sont uzir, printemps, sumir, été, harfst, automne et vintir hiver.