Le verbe onsquien ne connaît pas de catégories étrangères à l’allemand ou au français. Certains emplois sont particuliers et méritent d’être examinés ici.
Le verbe onsquien comporte deux temps simples, le présent et le prétérit. Les formes composées et périphrastiques ont surtout des valeurs aspectuelles ou modales.

1 Les temps
1.1 Les valeurs du présent
À la différence du français, le présent n’exprime que rarement la ponctualité ou l’actualité. La langue onsquienne réserve cette fonction à la tournure périphrastique durative que nous étudierons plus bas. Les emplois du présent de l’indicatif expriment notamment :
a) Des faits d’expérience, des faits d’habitude
ik smýk (smýki) nig «je ne fume pas»
ketiz slépni ufta «les chats dorment souvent»
b) Un avenir plus ou moins proche
Dans ce cas, le verbe est souvent accompagné d’un adverbe ou d’une expression adverbiale :
ik kvim tilna dín om tísdag «je passerai chez toi mardi»
ví flýgu om morgins til Paris «nous prenons l’avion demain pour Paris»
Dans la langue courante c’est la manière la plus habituelle d’exprimer le futur. Certes les grammaires enseignent que le futur se forme avec l’auxiliaire verda et l’infinitif du verbe principal, mais les linguistes insistent sur la nuance modale de forte probabilité qui accompagne l’emploi de cet auxiliaire. Ainsi, la construction avec cet auxiliaire, qui appartient plutôt à la langue soignée, situe un procès dans l’avenir sans nuance particulière :
ik verd kvima morgins «je viendrai demain»
ey verdni (visa) hjúta haima «ils seront à la maison aujourd’hui»
L’auxiliaire skula peut être employé pour nuancer ce futur en introduisant l’idée de volonté, d’insistance :
ik skal kvima morgins «je viendrai (sans faute) demain»
c) Des faits du passé
Dans une narration historique, le présent peut introduire une rupture et donner de la vivacité au récit. Ce présent historique est très fréquent dans les contes et légendes.
d) Les verbes duratifs et d’état
Seuls ces verbes ont un présent ponctuel :
iz sits an stóla «il est assis sur une chaise»
si sléps nú «elle dort maintenant»
ey vunni in Hánborg «ils habitent à Belfort»
L’onsquien a développé une série de verbe à caractère ponctuel qui ne connaissent qu’un temps simple, le présent. Ces verbes sont formés sur le radical de verbes duratifs, de substantifs ou d’adjectifs accompagnés du suffixe -na : sléfna «être endormi» (sur slépa), farna «être parti, voyager» (sur fara), fulna «être plein» (sur full), namna «être appelé, s’appeler» (sur nama). Le passé se développe avec l’auxiliaire visa et le futur avec skula. Pour un certain nombre d’entre eux, ces verbes ont perdu leurs sens premiers et ont développé un sens duratif classique (farna, par exemple).

1.2 Les valeurs du prétérit
Ce temps évoque un passé révolu sans référence à l’actualité présente du locuteur. Il traduit le passé simple et certaines valeurs du passé composé et de l’imparfait du français.
eldriz míni búdni in Hánborg «mes ancêtres ont vécu/vivaient à Belfort»
sæ vas blá og sligt «la mer était bleue et calme»

2 Les aspects
2.1 L’aspect duratif
L’aspect duratif de l’action est marqué en burgonde par la périphrase visa om + infinif. Il exprime en premier lieu l’actualisation et la durée du procès :
iz is om skreifa bréf «il écrit une lettre/il est en train d’écrire une lettre» (présent)
iz vas om skreifa bréf, daní gistra ik kvam «il écrivait/il était en train d’écrire une lettre, quand je suis arrivé hier» (passé)
iz verd om arfæda, daní ik kvim morgins «il travaillera/sera en train de travailler, lorsque je viendrai demain (futur)
Avec les verbes de mouvement ou de changement d’état, visa om + inf. exprime l’imminence :
iz is om kvima «il va venir, il arrive»
iz vas om kvima «il vient d’arriver, il arrive juste»
si is om sléfna «elle s’endort, elle est sur le point de s’endormir»
Les verbes duratifs ou d’état n’utilisent pas cette construction. Cependant ils peuvent également marquer la durée avec la forme visa + participe présent :
iz stands / is standinda «il se tient debout»
iz slófs / vas slépinda «il dormait / était endormi»

2.2 L’aspect inchoatif
L’aspect inchoatif se construit régulièrement avec le verbe verda comme auxiliaire, suivi de om et du verbe principal à l’infinitif. Il marque le début d’un procès au présent, au passé ou au futur :
ik verd om fara «je vais partir»
ví vardu om skavja sænvarp «nous allions regarder la télévision»
Le verbe fara peut exprimer le début d’un procès, notamment au passé. Dans son utilisation, son usage est beaucoup moins littéraire.
ey farni om vakna «ils vont se réveiller»
Pour exprimer l’imminence d’un procès, on utilise la forme verda om + participe présent :
ik verd om lisind bók dan «je suis sur le point de lire ce livre»

3 Les modes
3.1 L’indicatif
L’indicatif est le mode que l’on emploie lorsqu’il s’agit simplement de constater ou d’énoncer les faits, que la phrase soit affirmative, négative, interrogative ou exclamative.
L’indicatif est également le mode ordinaire dans les propositions subordonnées relatives, causales, consécutives lorsqu’on se contente de constater les faits et aussi dans le discours indirect lorsqu’on considère les faits rapportés comme correspondant à la réalité.

3.2 Le subjonctif
Le subjonctif, qu’il faudrait peut-être appelé optatif, est le mode de la possibilité et de l’irréel ; il s’oppose donc à l’indicatif. On l’utilise tout aussi bien dans les phrases indépendantes, les propositions principales ou les subordonnées.

a) le subjonctif dans les propositions principales
Au présent, le subjonctif peut exprimer un souhait ou un ordre :
Gud sí med dis «Dieu soit avec toi»
gai al dis vel «que tout se passe bien pour toi»
Au prétérit, le subjonctif exprime souvent la possibilité ou l’éventualité. Les verbes surtout employés avec cette valeur sont :
visa «être», vilja «vouloir», maga «pouvoir», durfa «avoir besoin de», skula «devoir», muna «penser» :
du hefdis durft om visa haima langsfa « il aurait fallu que tu restes à la maison plus longtemps »
si skuldi om kvima uftis «elle devrait venir tout de suite»
dat vasi maglig «cela se pourrait»

b) le subjonctif dans les subordonnées
Dans les complétives introduites par dat «que», le subjonctif est plus fréquent que l’indicatif. Le temps du verbe de la subordonnée dépend de celui de la principale et la concordance des temps est la règle. On l’emploie notamment avec les verbes exprimant le doute, l’ordre, le souhait, lespoir, la volonté …:
vilja «vouloir», mædla «parler», sagja «parler, dire», finda «trouver, estimer, avoir l’impression», vunskja «souhaiter», draumja «rêver» … :
iz sags (IndPrés) dat ik magu (SubjPrés) usfara «il dit que je peux partir»
Les subordonnées concessives introduites par «bien que, quoique» sont toujours au subjonctif :
ifna dat kald sí (SubjPrés), iz (IndPrés) vedir gód «quoiqu’il fasse froid, le temps est beau»
Les subordonnées finales sont toujours suivies d’un verbe au subjonctif : til dat, sva dat «pour que, afin que»
ey ufni (IndPrés) dór sjat mikilu til dat æguz uskvimna (SubjPrés) «ils ont ouvert la grande porte pour que les chevaux puissent sortir»

3.3 Le passif
Le passif se forme avec les auxiliaires visa et verda. Comme en français et en allemand, seuls les verbes régissant un complément d’objet à l’accusatif peuvent former un passif personnel ; le patient de la forme active devient alors l’agent de la forme passive :
actif : iz its frukta (Acc.Pl.) in kúkje «il mange les fruits dans la cuisine»
passif : fruktuz (Nt.Pl.) sin iti in kúkje (dær sig) «les fruits sont mangés dans la cuisine (par lui)»

3.4 L'infinitif
Comme en Français ou en Allemand, il est possible de créer des subordonnées avec des verbes à l'infinitif. Elles peuvent être directes :
Ik fara om sumi daga skipa «je pars naviguer quelques jours»