Comme on a déjà pu le constater le burgonde possède quatre cas :
• le nominatif, qui est essentiellement le cas du sujet ou de l’attribut,
• les cas obliques, l’accusatif, le génitif et le datif, le plus souvent régis par des verbes transitifs ou des prépositions, ou complément de noms et d’adjectifs.
En simplifiant, on peut dire que, quant à la fonction, l’accusatif correspond à l’objet direct, le datif à l’objet indirect, le génitif au complément de nom.

1 L’accusatif
1.1 Accusatif objectif
C’est le cas général, celui du complément direct d’objet : il marque l’objet sur lequel porte le procès exprimé par le verbe.Un grand nombre de verbes transitifs simples introduisent cet objet à l’accusatif : nima «prendre», gifa «donner», bira «porter», hafa «avoir», etc. C’est le cas également des verbes causatifs tels que setja «poser», fyllja «remplir» ou les verbes exprimant une activités des sens heysa «entendre», sæja «voir».
1.2 Locutions impersonnelles
Ces locutions se forment à partir de verbes impersonnels : dorst mig «j’ai soif», hungirs mig «j’ai faim» ou de locutions : soik is mig «je suis malade», inn sleps in vagna «il a sommeil / il s’endort en voiture».
1.3 Double accusatif
Il s’emploie avec des verbes signifiant demander, enseigner, élire : ey inn (A) kýsni forman (A) « ils l’ont élu président» ; le second adjectif est en réalité une apposition au premier.
1.4 Accusatif de mesure
Le temps, la durée et la distance parcourue sont exprimés par des compléments à l’accusatif souvent sans régent :
ain dag fór iz til færra «tel jour, il partit loin »
gistra ví gádu tvatig og attu kilometra «nous avons marché pendant vingt huit kilomètres hier»

2 Le génitif
Le génitif peut être utilisé avec certains adjectifs indéfinis : sum mani «un des hommes», hvan filu barnu «combien d’enfants» all vagni «toutes les voitures».
Certains verbes utilisent des complément au génitif :
avec les verbes signifiant «demander», «désirer», «se souvenir» : bidja, friga,
avec les verbes signifiant «être privé de», «manquer de», «avoir besoin de» : durfa, andvisa, …
avec les verbes visa et verda exprimant l’appartenance :
sjæ skæpu sin nig æstris dis «ces moutons n’appartiennent pas à cette bergerie»
Les adjectifs qui marquent la durée, l’âge ou l’étendue régissent souvent le génitif :
barn vards tva jeri gistra «l’enfant a eu deux ans hier»
brygja is fimf metri braid «le pont fait cinq mètres de large»

3 Le datif
Le datif correspond souvent au complément d’objet indirect français :
ik gif imm bóka mín «je lui donne mon livre»
Cependant, le datif en burgonde a d’autres emplois dont certains méritent d’être signalés :
a) Avec certains verbes impersonnels impliquant pour la plupart un rapport subjectif au procès, l’agent se met au datif. Le verbe est le plus souvent à la 3ème personne du singulier : mis denks, mis finds, mis syns «il me semble, je trouve, il me paraît»
b) Avec les verbes visa et verda dans le sens de possèder : mis is sorga mikila «ma peine est grande»
c) Avec une idée d’attention, certains verbes gouvernent le datif : gileikja «imiter», morna «s’inquiéter de», vita «veiller sur», heysja «entendre (quelqu’un)», bileida «abandonner», afskýfa «mépriser»
d) Emploi instrumental. Parfois le datif seul, sans être régi par un verbe ou une préposition, désigne l’instrument, le moyen ou le mode employé : rida æga «monter à cheval», lifa gódje lifni «avoir une belle vie»
e) Le datif peut être régi par l’adjectif ou l’adverbe : iz vas kund friundum isum og fíandum «il était connu de ses amis et ennemis»
f) Le datif peut aussi être employé avec le comparatif (différence) : Klara is aina jéri jyngis sva du «Clara est d’un an plus jeune que toi»