Les réformes entreprises à partir de 1972 ont permis de clarifier l’orthographe de l'onsquien, de s’affranchir d’influences «étrangères» trop marquées (français et allemand) et de retrouver une graphie plus en adéquation avec l’histoire de cette langue.
Cette réforme a pu être jugée trop radicale par certains, trop influencée par la graphie islandaise, affirment d’autres, mais en tout état de cause, elle reflète à la fois l’évolution de la langue et son histoire et toutes les nuances locales. Mais si l'orthographe a été normalisé, la prononciation garde toute sa richesse et ses variantes locales sans que l'une d'entre elles ne soit privilégiée par rapport à une autre.
Le burgonde n’est pas difficile à prononcer pour le locuteur francophone ou germanophone ; en effet, par ses contacts prolongés avec ces deux cultures, évoluant depuis de nombreux siècles au sein du monde roman, le burgonde en a assimilé l’essentiel du vocalisme, tout en gardant sa spécificité notamment l’accentuation germanique.

2.1 Les voyelles
Les voyelles peuvent être simples ou longues. Dans ce cas, elles sont marquées par l’accent aigu.
• a idem français ou allemand. Relativement ouvert ;
• á a ouvert long, peut selon les dialectes rendre le son au légèrement diphtongué ;
• e peut rendre le son è français, ou e allemand de «best» devant h, r, k ou les consonnes doubles; rend également le son é français court ou de l’allemand «Gefahr»
• é rend toujours le son é français long ou le e allemand de «sehen» ou «Seele» ;
• æ rend le è français long ou l’allemand ä ;
• i idem français ou allemand mais toujours court ;
• í même son que précédemment mais long ; certaines variantes dialectales lui donnent un son intermédiaire entre le i et le é ; était autrefois écrit ï ;
• o rend le o fermé en position normal (français «rôder», allemand «rot») ou o ouvert devant h, r, k (français «botte» ou allemand «Volk») ;
• ó rend toujours le son o fermé mais long ; cf. allemand «Boot» ou français «côte» ;
• u son français ou, allemand u ;
• ú idem mais long ;
• y son français u ou allemand ü ; était autrefois écrit ü ;
• ý idem mais long. Peut localement être perçu comme une diphtongue iü

2.2 Les diphtongues
• ai son français de «ail» ou allemand ei de «nein» ; était souvent écrit ei ;
• ei son français de «oreille». N’existe pas en allemand ; était écrit eï ;
• au très proche du son allemand au, certaines prononciations locales l’assimilent à ú ;
• ey idem ei mais marque l’inflexion de ai ; généralement note une diphtongue plus longue que le simple ei ;
• oi son [oi] proche du son français «oï» ou de l'allemand «eu», mais avec un o long ; était écrit oï ;
• ju idem anglais «you» ; écrit également iu ;
• je idem français de «hiérarchie» ou de l'allemand «jemand» ; variante dialectale de «í» notamment pour les déclinaisons, mais aussi à l'intérieur des mots.

2.3 Les consonnes
2.3.1 Les consonnes simples
• b idem français ou allemand b ; peut rendre le son p à l’initial ;
• d idem français ou allemand d ; peut rendre parfois le son anglais de «then» en milieu ou fin de mot ;
• f idem français ou allemand f ;
• g idem français de «gai» ou allemand g ;
• h souffle marquant l’initial même devant consonne (hnúda, «bâton», hvít ou hveit «blanc») ; jamais le son «ch» allemand ;
• j semi voyelle, idem allemand j de «Jahr» ;
• k idem allemand ou français c de «côte» ou qu de «quand» ;
• l idem français ou allemand l ;
• m idem français ou allemand m ;
• n idem français ou allemand n ;
• p idem français ou allemand p ;
• r r roulé ;
• s toujours le son s même à l’initial ou en final ; le s de heysa, «entendre» se prononce comme s’il y avait en français ou en allemand ss ;
• t idem français ou allemand t ;
• v idem français v ou allemand w ; dans les combinaisons kv de kvima, «venir» ou hv de hvít «blanc», le v rend le son w néerlandais, soit une combinaison de son kw ; peut prendre le même son w dans les déclinaisons des substantifs de type æ, gén.Sg ævis «temps, éternité» ou tri, trivis «arbre» ou des adjectifs type blá, blava «bleu» ; était autrefois écrit w ;
• z rend le son français z ou de «rose» et de l’allemand «Esel».

2.3.2 Les groupes de consonnes
Comme toutes les langues germaniques, le burgonde possède des mots dont la composition peut intégrer plusieurs consonnes juxtaposées. La prononciation de tels groupes de consonnes comporte quelques «assouplissements» qui en simplifient l’articulation, notamment dans les déclinaisons faibles ou les conjugaisons :
• les groupes -st-, -sp-, -sk-, -sl-, -ld-, -lk-, -lp-, -rd-, … + -n- suppriment (phonétiquement) la consonne médiane soit : [-sn-, ln-, -rl-, …] ey læstni «ils suivent» [lę:s’ni] ;
• dans tous les groupes de consonnes, les 1ère et 3ème personnes du prétérit pluriel des verbes faibles et les flexions des substantifs et adjectifs faibles suppriment (graphiquement et phonétiquement) le –n- de la désinence : ey lifdi (et non [lifdni]), «ils vivaient» et N.Pl. tunguz «les langues» (et non [tungnuz])
• la graphie sh est utilisée pour exprimer le son [ʃ] : shoklád «chocolat», Shina «Chine».

2.4 Evolution de la langue
Le document le plus ancien écrit en langue burgonde semble être une formule d’incantation gravée en runes sur un caillou découvert à Arguel, près de Besançon en 1921, datant des Grandes Invasions. Le texte en est le suivant : arbi tag Wodan luigoþ hang rejkim.
Une traduction attentive peut comprendre le texte de la manière suivante «arrache l’héritage, Wotan, enlève aux puissants la lumière». La signification réelle de ce texte reste sujette à discussion. Néanmoins, son contenu sémantique ne laisse guère de doute sur son origine ostique. On peut aisément rapprocher ce texte de sa traduction en gotique : arbi taha Wodan liuhaþ hah reikaim.
Ce texte présente déjà une caractéristique essentielle du burgonde : la transformation du [x] du germanique (le son «ch» de l’allemand Nacht) en occlusive [k].
En burgonde, cette transformation a pu conduire également à l’assimilation à la syllabe suivante (cf. got. ahtō, onsq.atu «huit») du fait de l’accent burgonde opposant ainsi nagt < [nak-t] < [nax-t] «nuit» et atu < [a-:tu] < [a-xtū].
L’autre caractéristique burgonde que l’on observe également dans ce texte est la diphtongaison irrégulière du [i:] long germanique en [ei] que l’on retrouve en allemand à une date plus tardive (alld. reich, onsq. reik).
Outre ces deux remarques sur des traits caractéristiques du burgonde, on notera également une relative stabilité du système consonnantique depuis le germanique commun en observant toutefois ces trois évolutions remarquables :
• disparition du son [θ], noté en vbu. «th» ou «dh» au profit de [d] à une époque proche de celle où ce son disparaît du vha. supérieur,
• disparition du [w], noté en vbu. «u» ou «uu» au profit du son [v],
• amuissement, puis disparition des finales en «-n» dès le XVIème siècle. Cette situation est à comparer à celle de l’alémanique. Dans de nombreux cas, elle a conditionné des modifications, notamment aux niveaux des déclinaisons faibles des substantifs ou des adjectifs (inversion du vocalisme : N.Pl. got. hairtōna, onsq. hertnu «cœur» ou suppression de «n» derrière certaines consonnes : N.Pl. got. tuggōnos, onsq. tunguz «langues»), la création des déclinaisons fortes en «-na» et «-no» (got. maurgins, onsq. morgna «matin») ou des spécificités dans les conjugaisons.

L’influence romane est relativement faible malgré l’implantation burgonde au sein de la communauté francophone. Tout au plus, note-t-on l’évolution particulière de la semi-voyelle [j] au cours des siècles. L’assimilation de certains mots romans comportant les sons [dj] de «jour» ou [ch] de «champ» du vieux français se fit en adoptant peu ou prou leurs prononciations. Le moyen-burgonde les écrivait respectivement «tj» et «cj». Peu à peu cependant la prononciation évolua vers des sons plus habituels de la langue burgonde. Ces sons aboutirent à deux groupes de consonnes classiques que la langue actuelle perçoit comme les consonnes «t» ou «k» associées à une semi-voyelle «-j-» et une voyelle principale : ainsi tjornla «journal», unité de mesure de surface équivalent au tiers d’un hectare ou kjál «châle» ou kjemna «cheminée».

2.5 Burgonde ou dialecte "gotique" ?
Le débat n'a pas été tranché entre les spécialistes des langues germaniques : les burgondes disposaient-ils d'une langue propre ou la langue actuelle dérive-t-elle d'un dialecte gotique parlé par les peuples burgondes au Haut Moyen-Âge ?
Force est de constater que le premier document que nous connaissions où figurent quelques éléments d'une langue que nous pourrions qualifier de burgonde fait état de nuances subtiles avec le gotique de la Bible de Wulfila. Mais en quoi cette dernière langue pourrait être le reflet de la langue des anciens Gots ? Comme nous le voyons, le débat est loin d'être tranché.

Les premiers documents que nous pouvons avec certitude attribuer aux anciens burgondes remontent au début du XIe siècle avec la Chronique des rois ou les Dits des Rois (le Cungi quedus). Ce texte semble avoir été écrit dans un dialecte différent de l'actuel onsquien et pourrait avoir été écrit par un moine originaire de l'actuel canton suisse de Fribourg, contrairement au second document de la même époque le Chant de Gundar (Gundari hleod) qui rapporte, lui aussi, l'épopée de certains rois burgondes.
Ces textes ont été rédigés à une époque où les derniers ariens essayaient de défendre leur foi, face à la puissance des rois francs catholiques en magnifiant le passé glorieux des derniers rois burgondes.
Quelques temps après, le rameau méridional du burgonde s'éteignait (Suisse essentiellement), le burgonde entrait petit à petit en clandestinité.
Les écrits ultérieurs sont rares. Au XIVe siècle cependant, les poèmes de Jean de Trincourt nous offre un aperçu de la langue de la fin du Moyen Âge.

Ce n'est qu'à partir de la Réforme que nous voyons réapparaître quelques rares textes ; il s'agit pour la plupart de documents juridiques privés (charte, testaments, ...) sans aucune valeur esthétique mais malgré tout riche d'enseignement linguistique. Ces documents se rencontrent dans ce qui sera plus tard la Seigneurie de Montbéliard forte alors de son indépendance tant religieuse que politique. Aucun document ne nous est parvenu de la région de Belfort avant la fin du XIXe siècle.

Le XVII et le XVIIIe siècle seront aussi avares de document. Mettons en avant cependant la célèbre Bible de Jan Triwis ; Hans Bamgartner, de son vrai nom, d'origine wurtembergeoise, pasteur féru de linguistique, fit imprimer la première Bible en langue burgonde vers 1728. À travers son travail énorme d'érudit, Jan Triwis réussit la gageure de moderniser et codifier quelque peu cette langue devenue par force un langue secrète, celle des parias, celle des forestiers (charbonniers, bûcherons et autres verriers) en lui donnant ce qui lui manquait le plus alors : des concepts religieux et intellectuels et de l'abstraction.
Le travail de Jan Triwis fut à ce point impressionnant qu'il fallu attendre le travail de Jan Vildis pour pouvoir enfin "se libérer" d'une "germanisation" abusive et repartir sur de nouvelles bases, car pendant plus de deux siècles un écart grandissant se creusait entre la langue écrite des intellectuels (le borgundiska mædla) et celle du petit peuple (le rýnska mædla).