L’article
L’article indéfini n’existe pas en burgonde. L’utilisation de ain est spécifique et rappelle la formule française «un tel, un certain». Ainsi : ain man, fram ainan man «un tel homme, grâce à un tel homme».
Les langues germaniques ne possédaient pas d’article défini. Elles avaient recours au pronom démonstratif pour renforcer leur discours. Le gotique, le vieux-burgonde et les langues westiques utilisaient le pronom
*sa, *þa, *þe. Les langues nordiques ont privilégié le pronom *hez, *hiz. Petit à petit, la fonction d’article défini s’est développé au détriment de celle des pronoms démonstratifs. Les différentes langues ont recréé un démonstratif par le biais de l’ancien renforcé par la particule -si qui peu à peu a gagné la désinence. D’où, l’allemand et l’anglais contemporain : dieser et this, et l’islandais essi.
Le vieux-burgonde notait déjà ce nouveau démonstratif
sa-si, þat-si mais, d’une façon originale, l’a utilisé assez tôt avec des fonctions d’article défini. Dès le 10ème siècle, on note que le démonstratif de base est omis et que le suffixe s’adjoint la désinence : dat.Sg.M. : tha-si-aim ou si-aim. C’est cette dernière forme qui prévalut à la création originale parmi les langues germaniques contemporaines de l’article défini burgonde.
En onsquien, l’article défini n’est pas obligatoire. La forme courante de la phrase omet souvent l’article par le simple fait que la désinence du substantif est encore bien affirmée. Mais aucune règle n’édicte l’usage ou le non usage de l’article. De même, sa position par rapport au substantif est relativement libre puisqu’il peut être post- ou pré-posé :
man sja ou sja man (la deuxième forme est plus classique).

 
M
N
F
N.Sg.
sja
sjat
sju
A
sja
sjat
sju
G
sjæs
sjæs
sjus
D
sjæm
sjæm
sjæ
 
N.Pl.
sjæ
A

sjæ

G
sjæz
D
sjum

Lorsque le substantif est accompagné d’un (ou de plusieurs) adjectif(s), la composition est la suivante : subst. + art. + adj. ou art. + adj. + subst., soit :
húsu sjæ skónju ou sjæ skónju húsu «les belles maisons» ;
himna sja blá og klar ou sja blá og klar himna, «le ciel bleu et clair».

Les pronoms
1 Les pronoms démonstratifs
Le burgonde possède trois pronoms-adjectifs démonstratifs : sja «ce, le», sa «ce, celui-ci» et jæn «ce, celui-là, l’autre».
Les démonstratifs
sa et jæn sont d’abord déictique, c’est à dire qu’ils s’employent lorsqu’on montre ou indique quelque chose :
Hva is dat ? ou Hva is jæn ? "Qu’est que c’est ? Qu’est ce que cela ?"
L’article
sja s’emploie comme démonstratif ; il est plutôt anaphorique, c’est à dire qu’il renvoie à quelque chose qui a déjà été évoqué :
In sjæm bóka … «dans ce livre (dont on a déjà parlé)»

1.1. sa, «celui-ci»
Le burgonde contemporain a conservé tel quel le démonstratif que les langues westiques ont transformé en article défini.
Sa déclinaison s’est par certains points rapprochée de celle de l’article défini.

 
M
N
F
N.Sg.
sa
dat
su
A
dan
dat
su
G
dis
dis
djus
D
dæm
dæm
 
N.Pl.
A

G
dæz
D
dæm


Il précède toujours le substantif contrairement à l’article :
dæ skónju húsu ou dæ húsu skónju «ces belles maisons».
1.2. jæn, «celui-là»
Il désigne l’objet éloigné et sa déclinaison se rapproche de celle des adjectifs forts :

 
M
N
F
N.Sg.
jæn
jæn
jæna
A
jæn
jæn
jæna
G
jæns
jæns
jæns
D
jæna
jæna
jæne
 
N.Pl.
jæni
A

jæni

G
jæniz
D
jæm

2 Les pronoms démonstratifs indéfinis :
On regroupe sous ce terme les pronoms silfa «soi-même, moi-même, etc», sama «le même» et svalík «un tel, tel». Ils se déclinent comme des adjectifs forts.
Par exemple :

 
M
N
F
N.Sg.
sama
sama
sama
A
sama
sama
sama
G
samis
samis
samas
D
sama
sama
samje
 
N.Pl.
sami
sama
samu
A
sami

sama

sami
G
samzu
samzu
samzu
D
samum
samum
samum



3 Les pronoms interrogatifs :
Ils se composent de hva «qui, lequel ?», hvileik ou hvilík «de quelle sorte ?» et les indéclinables hvædir «lequel des deux ?», hvær «quel» (exclamatif). Hvileik se décline comme un adjectif fort et hva de cette manière :

 
M
N
F
N.Sg.
hva
hvad
hvu
A
hvan
hvad
hvu
G
hvis
hvis
hvis
D
hvam
hvam
hvæ
 
N.Pl.
hvi
A

hvi

G
hvizu
D
hvæm



4 Les pronoms indéfinis
enhvær «un certain, quelqu’un, quelconque» se décline comme jæn.
sum «quelqu’un» se décline comme un adjectif fort ; au pluriel, prend le sens de «plusieurs, quelques».
nennki «personne» se décline comme :

 
M
N
F
N.Sg.
nennki
nennki
nennkju
A
nennkin
nennki
nennkju
G
nennkis
nennkis
nennkis
D
nennkin
nennkin
nennkje

ainku «aucun» est indéclinable.

5 pronoms personnels

  1ère personne     2ème personne  
  Sg. Pl.   Sg. Pl.
N ik "je" "nous"   du "tu" "vous"
A mig úkis ou úks   dig jús
G mín úkir   dín júzir
D mis úkis ou úks   dis jús
  3ème personne    
Sg. M F N
N iz "il" si "elle" it "il, elle"
A inn si it
G iz izu iz
D imm izi imm
Pl.      
N   ey "ils, elles"  
A   ey  
G   izi  
D   imm  

6 Le pronom réfléchi
Tout comme le français, le pronom réfléchi n’a pas de nominatif et renvoie toujours au sujet.

N -
A sig
G sín
D sis

Il est identique au singulier et au pluriel et la rection des verbes ou des prépositions décide de la forme :
si tæs sjat du sis silfje (D.) «elle fait cela pour elle-même»
ey tæini sjat du sis silfum (D.) «elles font cela pour elles-mêmes»
iz kvims heim til sín (G.) «il rentre chez lui»
ey kvimna heim til sín (G.) «elles rentrent chez elles»

7 Les pronoms possessifs
Les pronoms-adjectifs possessifs mín «mon, (le) mien», dín «ton, (le) tien» et sín «son, (le) sien, (le) leur» se rapportent aux pronoms personnels ik, du, iz, si, it et ey et peuvent être employés comme déterminants du substantif soit comme pronom :
dat is dín arfæd, nít mín «c’est ton travail, pas le mien»
Sín est toujours réfléchi et ne peut donc renvoyer qu’au sujet de la phrase, que celui-ci soit au singulier ou au pluriel :
iz nims sja bók sínan «il prend son (propre) livre»
ey nimni sjæ bókuz síni «ils prennent leurs livres»
On a développé pour la 1ère et la 2ème personne du pluriel des pronoms à partir des génitifs des pronoms personnels :
úkir «(le, la) notre, nos, (les) nôtres» et júzir «(le, la) votre, vos, (les) vôtres». Ces deux pronoms se déclinent également comme des adjectifs forts. Des contractions sont acceptées dans la langue parlée úkra, júzri …; en langage courant la déclinaison est souvent omise.
Les génitifs des pronoms personnels de la 3ème personne
iz, izu et izi se rapportent à une ou plusieurs personnes qui ne sont pas les sujets de la phrase :
iz nims sja bók izu «il prend son livre (à elle)»
À la différence de l’usage allemand ou français, les adjectifs possessifs burgondes sont généralement postposés au substantif, souvent accompagné de l’article défini précédant dans ce cas le substantif.
On a ainsi le choix entre :
dat is æg mín / dat is sja æg mín / dat is mín æg «ceci est mon cheval»