1 Introduction
Les langues germaniques ont développé deux flexions différentes pour les adjectifs. La déclinaison forte, ou flexion vocalique, est issue du fonds indo-européen. La déclinaison faible, ou flexion consonnantique, est une création du germanique et suivait la déclinaison consonnantique des substantifs en «-n».
Cette dernière a quasiment disparu en onsquien puisque ne sont marquées maintenant seulement les différences entre singulier et pluriel.

2 Déclinaison forte
Elle correspond, en principe, pour les Masc. et Nt., à la déclinaison des substantifs en «-a» et pour les Fem., à la déclinaison des thèmes en «-o». Des formes de la flexion des démonstratifs a pénétré ces déclinaisons.

M
Nt
F
N.Sg.
-
-
a
A
a
-
a
G
(i)s
(i)s
as
D
a
a
je
N.Pl.
i
-
u
A
i
-
u
G
(i)zu
(i)zu
(i)zu
D
um
um
um

On distinguait en gotique des thèmes purs en «-a/-o», des thèmes en «-ja/-jo» et quelques adjectifs appartenant à des thèmes en «-i» et en «-u». Le germanique recençait également des thèmes en «-wa/-wo». Le vieux-burgonde marquait encore la différence entre ces thèmes, alors que le burgonde n’identifie plus que des traces de ces «variantes».
Ainsi, les adjectifs
blá et grá «bleu» et «pâle» appartenant à la déclinaison en «-wa/-wo» font au Fém. blava et grava (le «v» apparaît dans toutes formes fléchies), alors que gelv «jaune», issu de la même déclinaison, a une flexion classique. Ainsi, pour blá :

M
Nt
F
N.Sg.
-
-
va
A
va
-
va
G
vis
vis
vas
D
va
va
vje
N.Pl.
vi
-
vu
A
vi
-
vu
G
vizu
vizu
vizu
D
vum
vum
vum

Des anciens thèmes en -i, retenons les adjectifs skón «beau», brúk «utile» et hrain «pur» qui à toutes les formes fléchies intercalent un j ou le i : à l’Acc. Fem., par exemple, skónja, brúkja et hrainja, soit la déclinaison suivante :

M
Nt
F
N.Sg.
-
-
-
A
ja
-
ja
G
is
is
jas
D
ja
ja
je
N.Pl.
i
-
ju
A
i
-
ju
G
izu
izu
izu
D
im
im
im


3 Déclinaison faible
Cette déclinaison, appelée aussi flexion consonantique, suivait en vieux-burgonde comme en gotique, exactement celle des substantifs en -n du type hana Masc., hertu Nt. et tunga Fem. Mais, des adaptations et changements se sont exercés dès le moyen-burgonde. Puis, parallèlement à l'évolution des déclinaisons des substantifs consonnantiques, la déclinaison des adjectifs a été marquée par une simplification extrème puisqu'il n'existe plus que deux marques différenciées : le singulier, type mátig, mikil, skón, midi ou blá et le pluriel correspondant de type mátiga, mikla, skónja, midja et bláva.
Les ordinaux ne suivent que la déclinaison faible, ainsi
drída «troisième», fjúrda «quatrième» …

4 La déclinaison des participes
Participe passé et participe présent suivent, dans les mêmes conditions, les déclinaisons faibles et fortes des adjectifs. Quelque soit le type de verbe, le participe présent suit le paradigme des adjectifs en «-a» sans autre remarque : ainsi pour le verbe heysa «entendre», M. heysind, Nt. heysind, F. heysinda pour la déclinaison forte, Sg. heysind Pl. heysinda pour la déclinaison faible.
Le participe passé des verbes faibles suit le paradigme des adjectifs en «-a» selon la même règle ; déclin. forte : M.
legd, Nt.legd, F. legda pour legja «mettre», M. fódid, Nt. fódid, F. fódida pour fóda «nourrir».
Les verbes en -ja de la classe VI insèrent un -j- devant le -a, le -u et le -æ de la déclinaison, pour le verbe
hefja «avoir» : M. hefja, Nt. hefjad, F. hefja, D.Pl. hefim.
La déclinaison faible des verbes forts n’appelle aucun commentaire particulier.
Les verbes forts ont développé pour la déclinaison forte une déclinaison particulière, mêlant celle des adjectifs et celles des pronoms :

M
Nt
F
N.Sg.
stiga
stigad
stiga
A
stiga
stigad
stiga
G
stigis
stigis
stigas
D
stiga
stiga
stigje
N.Pl.
stigi
stigæ
stigu
A
stigi
stigæ
stigu
G
stigzu
stigzu
stigzu
D
stigum
stigum
stigum



5 Degrés de comparaison des adjectifs
Le Germanique utilisait un suffixe *-is- issu de l’indo-européen (cf. latin suau-ior, gotique sut-iz-a «très doux, assez doux» puis «plus doux»), le faisant suivre d’un suffixe secondaire *-an- pour marquer l’intensité avec une valeur de comparatif. Le superlatif était également formé avec ce même suffixe *-jes- renforcé par un autre suffixe secondaire indo-européen *-tho- : gotique sut-is-t-s «le plus doux».
Ceci explique pourquoi dans les langues germaiques, ces suffixes s’ajoutent directement à la racine et non au thème du positif : got.
hard-iza «plus dur» n’est pas fait sur le thème hardu- mais sur le radical hard-. De même pour le vieux-burgonde hrain-ist «le plus pur» et non hrainj-ist.
Les langues germaniques contemporaines marquent le comparatif du type -er (anglais ou allemand) ou -ar (islandais). Le burgonde, langue appartenant au groupe ostique, marque le comparatif par le suffixe -is et le superlatif par le suffixe -(i)st.
L’adjectif
blind aboutit ainsi à blindis «plus aveugle» et à blindist «le plus aveugle».
Comparatif et superlatif subissent l’inflexion du radical de l’adjectif par le i. Ainsi :
lang «long» : lengis ou lengs, lengist ou lengst et ald «vieux» : eldis, eldist ou jung «jeune» : jyngis et jyngist.
Un certain nombre d’adjectifs utilisent pour leurs degrés de comparaison des formes dites supplétives, c’est à dire appartenant à d’autres racines que le radical. Ainsi :
gód «bon», comp. betis, superl. best ;
yfil «mauvais», comp. vers, superl. verst ;
mikil « grand », comp. mæz, superl. mest ;
lítil «petit», comp. minns, superl. minst.
Enfin, un certain nombre d’adjectifs sont d’anciens superlatifs, tels :
ómst «supérieur», nímst «inférieur» ou frumst «principal» dont les adjectifs positifs n’existent plus ou ont un sens différent.